Vers la suppression des phases finales du championnat de France de rugby ?

Dégagement d'Alexis Palisson sous les yeux de Jonny Wilkinson et de Simon Shaw

Alexis Palisson sort la bombarde

La suppression des phases finales est-elle une évolution inéluctable du rugby en France ?

Historiquement, le champion de France de rugby a toujours été sacré après une finale, il n’y a aucune raison pour que cela change diront les conservateurs. Reconnaissons qu’ils est difficile d’imaginer pour notre bon vieux championnat une autre issue qu’un bouquet final multicolore en guise d’apothéose, une orgie pantagruélique d’émotions fortes, (voir la demi finale Clermont Toulon), un dynamitage synchrone de glandes lacrymogènes de deux tribus grimées et haletantes au coup de sifflet final, bref, une fête monstre du rugby.

Cependant, certaines personnalités du rugby, dont Bernard Laporte, seraient favorables à une suppression des phases finales pour sacrer champion de France le meilleur club de la phase régulière de la saison comme cela se fait dans d’autres disciplines sportives. Cela récompenserait le club le plus régulier sur toute une saison, rendrait moins aléatoire le résultat final et permettrait de libérer quelques dates d’un calendrier surchargé. D’après un sondage publié sur la page Facebook de Rugby à XV de France, vous êtes 20 % à souhaiter ce changement, et 80 % à vouloir conserver le système actuel des phases finales. Le résultat de ce sondage n’est pas surprenant, la majorité des supporters de rugby n’est pas favorable à un tel changement. Mais cette hypothèse est d’actualité, alors avant que ça nous tombe sur le coin de la figure, le moment est peut-être venu d’en parler, et de défendre notre point de vue plutôt que de laisser d’autres personnes décider de l’avenir du rugby.

Pilier Carl Hayman et Pierrick Gunther

Déménagement de Carl Hayman, impact imminent

 

 

[important]Au niveau des résultats, ça changerait quoi ? Quelques statistiques:

  • Depuis la saison 2004-2005 (formule actuelle du TOP 14), le champion de la phase régulière a 62,5 % de chance de remporter le bouclier de Brennus.
  • En 2006 le Biarritz Olympique, 2007 le Stade Français, 2009 Perpignan, 2011 et 2012 le Stade Toulousain ont réalisé le « doublé » champion de la phase régulière et Bouclier de Brennus.
  • En 2005, 2008 et 2010 le Biarritz Olympique, le Stade toulousain et Clermont Ferrand ont remporté le bouclier de Brennus sans avoir été le premier club de la phase régulière, au détriment ces années-là des premiers de la phase régulière (le Stade Français, l’ASM et l’USAP).[/important]
Voici une liste d’arguments en faveur et contre la suppression des phases finales de rugby:

1) Pour que le champion de France soit le premier de la phase régulière:

photo de Thomas Combezou et Chris masoe

Thomas Combezou met les gaz, Chris Masoe à l’affut

  • C’est plus logique. Sacrer champion le meilleur club de France sur toute une saison reflète véritablement sa supériorité. Il ne serait désormais plus possible d’être champion de France sur un coup d’éclat, sur un match, comme c’est encore possible actuellement.
  • Cela permet de récompenser la régularité des résultats, et cela évite que des équipes potentiellement qualifiées ne fassent l’impasse sur certains matchs.
  • Le résultat sportif serait moins aléatoire et plus en adéquation avec l’investissement financier des clubs (nous y voilà).
  • Cela permettrait de libérer des dates, soit pour allonger les vacances d’été, ou bien pour instaurer une trêve hivernale et ménager les organismes des rugbymen à un moment ou l’affluence au stade baisse au gré des températures hivernales.

 

2 ) Pour conserver les phases finales et le bouclier de Brennus:
  • Les phases finales, c’est l’âme du rugby en France. Il y a toujours eu des phases finales dans le championnat, il ne faut pas que cela disparaisse. Avec les matchs du XV de France, les phases finales font partie de la vitrine du rugby, il y a beaucoup plus d’intensité, d’émotion, et de tragédie avec les phases éliminatoires. Certaines finales d’anthologie sont inoubliables, un champion de France de la phase régulière, ce serait un duel à distance édulcoré et sans mise à mort.
  • Les phases finales à élimination directe permettent à un plus grand nombre de clubs de pouvoir décrocher le titre. Désigner champion le premier club de la phase régulière, c’est restreindre l’intérêt sportif à deux ou trois gros clubs et provoquer l’afflux des meilleurs joueurs de France vers ces derniers au détriment des clubs qui finissent régulièrement dans les six premiers (et qui bien souvent font le spectacle en quart et demi finale).
  • Quid des retransmissions TV si on supprime les phases finales ? Si on supprime ces matchs qui sont retransmis par le service public, il ne restera plus que le Tournoi des 6 nations et quelques tests match à voir sans décodeur. Restreindre la visibilité des matchs c’est impopulaire. Les phases finales ça fait rêver des milliers de gamins qui en septembre poussent la porte des écoles de rugby.
  • Les phases finales à élimination directe sont également un entraînement en vue de la Coupe du monde de rugby. La majorité des joueurs du XV de France disputent les phases finales et sont donc rodés aux matchs couperet. Mentalement et tactiquement ces matchs sont particuliers, supprimer les phases finales du championnat c’est aussi se priver de cette expérience. Imaginez d’ailleurs que l’on supprime les phases finales lors de la coupe du monde, les All Blacks auraient presque  toujours le meilleur goal average et gagneraient 9 coupes du monde sur dix. Tu parles d’un ennui !!!
  • Désigner le champion à la fin de la phase régulière du championnat présente le risque de transformer le championnat sportif en championnat des budgets. On risque de voir toujours les mêmes gagner un championnat actuellement dominé par les clubs de Toulon, du Stade Toulousain et de Clermont.
Jean-Charles Orioli et Mamuka Gorgodze

L’esprit rugby ? Ou: « Lâche-moi, tu vois bien que j’ai plus le ballon ! »

 

 Que font nos voisins ? L’exemple du championnat d’Angleterre:

En Angleterre, c’est assez compliqué, la formule change souvent au gré des sponsors du championnat, et les règles d’attribution du titre peuvent même varier en cours de saison. En Angleterre, il n’y avait aucune compétition nationale avant 1972. Les britanniques commencèrent par organiser une coupe d’Angleterre, puis un championnat sans phases finales avant d’adopter finalement les play off la saison 2000-2001. Ils ont décerné un temps deux titres, le champion de la phase régulière et le vainqueur de la finale (pourrait-on imaginer cette formule en France ?), puis ils ont abandonné la couronne du premier du championnat pour désigner champion d’Angleterre le vainqueur de la finale. Bref, après avoir tâtonné pendant des années, ils ont récemment opté pour un championnat avec phases finales similaire au TOP 14.

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