Il est dommage de ne se consacrer qu’à un seul sport. Pire encore, de le pratiquer en ignorant tous les autres. Au-delà de l’ouverture d’esprit que peut amener la découverte d’autres disciplines sportives, la pratique régulière d’autres sports en complément du rugby peut s’avérer très bénéfique, tant sur le plan technique, tactique que physique. C’est un moyen pour renforcer ses qualités motrices en sollicitant de manière différente ses muscles, d’améliorer sa vitesse ou bien de développer de nouveaux réflexes ou habiletés…
…et c’est aussi un moyen pour corriger nos défauts: le rugbyman ne fait pas partie des sportifs les plus habiles ballon en main en général. Pourquoi cela ? D’une part parce que ce satané ballon de rugby est ovale (bien que cette forme ai justement été pensée pour qu’il soit censé être plus préhensible), et d’autre part tout simplement à cause du nombre très élevé de joueurs sur un terrain, par conséquent du peu de temps de jeu avec ballon. Combien de gonfles touchent un ailier ou un pilier pendant un match ? Et à l’entraînement, on est combien ce soir ? Quarante, cinquante, soixante gonzes ? Dans beaucoup de disciplines sportives, à l’échauffement c’est un ballon par personne. Au rugby, difficile de faire autrement, on y apprend les valeurs du partage: on part faire des passes par vagues, avec dans le meilleur des cas un ballon pour quatre. Pour cette raison, pourquoi ne pas développer son habileté ailleurs, grâce à la pratique de sports complémentaires ? Et en touchant à d’autres ballons (soient-ils ronds !).
Avant de parler des autres sports complémentaires au rugby, commençons d’abord par évoquer ce qui semble une nécessité dans le rugby: les entraînements à effectif réduit. Réduisez au minimum les ateliers à effectif total, n’hésitez pas à fractionner le groupe et à prévoir des jours d’entraînement spécifiques par catégories de joueurs dans la semaine. Utilisez un maximum de ballons et privilégiez les exercices à effectif réduit pour progresser en habileté et en technique individuelle: moins il y a de joueurs pour un ballon, mieux c’est !!!
Sports à pratiquer en complément du rugby
Premier sport fortement conseillé, et très voisin du rugby à quinze, c’est le rugby sevens. Un excellent moyen pour toucher plus de ballons, travailler les duels, le plaquage, les courses et le placement. Attention toutefois, ne commettez pas l’erreur de jouer au rugby à 7 dans le sens de la largeur du terrain ou en réduisant l’espace sinon cela reste du rugby à XV à effectif réduit. L’intérêt du rugby sevens c’est de modifier le rapport espace / joueur pour plus de liberté. Et si un vrai spécialiste du rugby à sept peut diriger les entraînements et vous faire découvrir ce sport différent du quinze, c’est encore mieux. Jouez à sept contre sept sur grand terrain, en autorisant le jeu au pied et avec des remplacements illimités (à chaque action de préférence pour un jeu très dynamique).
Passons à un autre sport complémentaire, en s’éloignant du rugby tout en revenant à ses origines: le football. Il permet de développer les contrôles et la technique du jeu au pied. Tout comme au rugby à sept, pratiquez le football avec ses propres règles (notamment le hors-jeu). Vous pouvez également le pratiquer avec un ballon de rugby (voir l’exercice de l’article sommes-nous les fils spirituels de William Webb Ellis ?)
Autres sports complémentaires au rugby préconisés poste par poste
- Première ligne et talonneur: Vous soulevez facilement 100 kg au développé couché ? Mais combien de répétitions pouvez-vous faire au maximum avec seulement 50 kg ? C’est tout ? Le haut du corps n’est pas naturellement endurant, n’ayant pas en permanence le poids du corps à supporter (au contraire des jambes). On perd donc très rapidement de la force au fil du match pour disputer le ballon ou écarter la forêt des bras adverses. Pour développer en endurance le haut du corps afin d’être plus performant au combat, le kayak de mer ou la pirogue polynésienne sont très indiqués (et non traumatiques),ou à défaut d’avoir la mer ou un canal à proximité, pratiquez la lutte ou la boxe.
- Secondes lignes: Le secondes lignes ont l’avantage d’avoir des bras longs pour contrôler les ballons aériens ou aller les arracher dans les regroupements. Mais cet avantage peut aussi être un défaut: il est parfois difficile d’avoir la maîtrise d’un si grand corps. Pour travailler à la fois la dextérité, la détente verticale et aussi la condition physique, la pratique du basket est conseillée.
- Troisième-ligne: ils doivent savoir à peu près tout faire et sont souvent complémentaires entre eux trois: un coureur, un plaqueur et un gratteur de ballons. Ils doivent souvent étayer, faire tomber l’adversaire tout en restant debout pour disputer le ballon. Pour cela leurs appuis doivent être solides en toutes circonstances: le judo est un excellent sport de complément au rugby dans ce cas.
- Demis de mêlée demis d’ouverture: pour prendre un trou de souris ou éviter un mastodonte de 120 kg dans une cabine téléphonique, les demis au rugby se doivent d’avoir un démarrage foudroyant d’autant plus qu’ils jouent souvent arrêtés au départ des actions. Pour travailler la réactivité et le « zéro à cinq mètres dans toutes les directions », jouez au tennis.
- Trois quarts centre: les centres doivent être capables de transmettre le ballon très rapidement dans toutes les positions, tout en commettant le moins d’en-avant possible. Faire une passe sur un pas demande adresse et réflexes. Le volley ball permet de réduire considérablement le temps de réaction et développe le contrôle et la précision des mouvements des bras et des mains.
- Ailiers et arrières: et pour terminer, concernant le triangle d’attaque, qui doit avoir une excellente vision du jeu et qui manoeuvre dans de plus grands espaces, je préconise la pratique du handball qui permet de travailler les courses de contre-attaque et le jeu sans ballon pour détecter les failles dans la défense et se proposer lancé dans celles-ci.
Laurent Delmas, envoyeur spécial du site Rugby à XV de France