Pourquoi le rugby d’attaque n’est plus « rentable » ?
Le french flair est-il mort ? En 1987 a eu lieu la première coupe du monde de rugby en Nouvelle Zélande, et dans la foulée le rugby est devenu professionnel dans le courant des années 90. Ce changement s’est traduit sur le terrain par une meilleure préparation physique des joueurs et une évolution constante du jeu, en particulier dans le secteur défensif. Les clubs et les fédérations ont intégré dans leurs staffs des préparateurs physique, des spécialistes de la défense, et ont généralisé l’utilisation de la vidéo et des statistiques.
Les défenses ont pris le pas sur l’attaque.
Les joueurs couvrent désormais plus de terrain, les défenses sont très organisées, les attaques trop prévisibles et les espaces se réduisent. Le constat est sans appel: le rugby d’attaque n’est plus « rentable ». Actuellement, la meilleure des tactiques est d’empêcher l’adversaire de jouer et de se nourrir des fautes qu’il commet, comme ce fut le cas lors de la dernière finale du top 14 entre le Stade Toulousain et Toulon. Cependant, ces confrontations entre défenses hautement performantes commencent à atteindre leurs limites d’évolution technique et commencent à lasser le public. Et si le moment était venu de remettre au goût du jour l’attaque ?
Comment favoriser le rugby d’attaque ?
Il faudrait modifier les règles du rugby, mais comment ? En diminuant le nombre de joueurs ? Des essais ont étés effectués dans des divisions amateur en supprimant les troisièmes lignes aile, mais de toutes façons, une telle mesure n’est pas généralisable, car elle dénaturerait l’essence même du rugby à XV. A écarter. En élargissant le terrain ? Ce serait sans doute une bonne mesure pour créer des espaces, mais cela paraît difficilement réalisable de redimensionner tous les stades du monde entier. Trop coûteux. Changer la valeur des points? Ca a déjà été fait, c’est donc possible. En 1992 l’essai est passé de quatre à cinq points, cependant cette réforme a eu des effets assez limités, car en fin de compte il n’y a pas toujours beaucoup d’essais dans un match. Faut-il alors faire passer l’essai à six points, ou bien explorer d’autres possibilités ?
La pénalité à deux points, une évolution nécessaire pour le rugby ?
Essai | Transf. | Drop | Pénalité | Pénalité brutalité | |
---|---|---|---|---|---|
Valeurs actuelles des points | 5 | 2 | 3 | 3 | 3 |
Valeurs proposées | 5 | 2 | 3 | 2 | 3 |
L’essai à six points ne serait certainement qu’une demi mesure, alors pourquoi ne pas chercher une solution ailleurs ? On voit tous les dimanches une pluie de pénalités permettant à certaines équipes de revenir au score trop facilement sans avoir à produire du jeu: deux ou trois pénalités lointaines pour un hors-jeu pas évident, ou une énième mêlée écroulée, et vous repassez devant une équipe joueuse qui s’est échinée à marquer un essai en prenant tous les risques (dont celui de se faire pénaliser justement !). Un changement des règles du rugby pour favoriser les équipes qui attaquent serait de ramener la pénalité à deux points, au lieu de trois actuellement *.
(*Une exception cependant, dans le cas d’une brutalité, faute la plus grave, la pénalité conserverait toujours ses trois points).
Le drop, le coup de pied tombé… en désuétude.
Cette réforme, à mon sens nécessaire pour le rugby, aurait de surcroît pour conséquence de revaloriser le drop, ce coup de pied tombé… en désuétude, car lui non plus pas très rentable. Un drop mériterait à mon avis de rapporter plus de points qu’une pénalité, car il traduit généralement une phase de domination collective et territoriale. Et puis revaloriser le drop, ce serait aussi donner des options d’attaque supplémentaires, car plus les joueurs tentent de drops, plus ils ont tendance à monopoliser des défenseurs sur eux, ce qui crée ailleurs par conséquence des surnombres.
Lorsqu’une idée est bonne, elle doit aboutir à un changement. Mon objectif est de provoquer une réflexion au sujet de la pénalité à deux points, afin d’obtenir de la part de l’International Rugby Board une modification des règles du jeu du rugby et l’adoption de la pénalité à deux points. Que vous soyez supporter, joueur, entraîneur ou dirigeant, je vous invite à militer pour la pénalité à deux points et participer à votre manière à cette « révolution ». Propagez cette idée à travers les réseaux sociaux et internet si vous êtes convaincu qu’elle peut favoriser le rugby d’attaque, le french flair, le rugby champagne, bref, le rugby qu’on aime.
Laurent Delmas, le 7 septembre 2012.
[pullquote align= »left|center|right » textalign= »left|center|right » width= »30% »]Vous aimez le style de Rugby à XV de France ? Direction Facebook: https://www.facebook.com/rugbyman.France et Twitter: @Hiboulot[/pullquote]
1 thoughts on “La pénalité à deux points: une révolution dans le rugby ?”