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Nom: Diallo
Prénom: Coumba
Surnom : Coumcoum
Spécialités maison : le plaquage, la touche et le raffut
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Laurent Delmas : Coumba Diallo bonjour, à l’intersaison 2014 vous avez quitté le club de rugby féminin de Bobigny pour rejoindre le Stade Bordelais ASPPTT (évoluant en 1ère Division Elite 2 Armelle Auclair). Quelles sont les raisons qui ont motivé ce transfert ?
Coumba Diallo : J’ai quitté Paris pour les études. Je suis actuellement une formation d’ergothérapeute à Bordeaux.
LD: Parlez-nous de vote nouveau club, et quelles sont vos premières impressions en terres bordelaises ?
CD: J’appréhendais un peu de rejoindre un nouveau club était donné que j’ai toujours joué a Bobigny. Mais à mon arrivée au Stade Bordelais j’ai été super bien accueillie par le club, (par les coachs, dirigeants et les joueuses). Ils m’ont mis tout de suite a l’aise, il y a une bonne petite ambiance je m’y plait bien.
LD: Et les résultats suivent: 5 victoires en 6 journées et une deuxième place derrière le Stade Toulousain féminin !!! Revenons sur l’évènement majeur du rugby féminin de l’année, à savoir la 7° coupe du monde de rugby féminin. Après un beau parcours et de belles victoires vous avez perdu en demi-finale contre le Canada, puis terminé cette compétition sur une victoire face à l’Irlande 25 à 18. Pensez-vous de manière générale que le classement de la Coupe du Monde de rugby féminin reflète la hiérarchie mondiale des nations ? Certaines équipes vous ont-elles surpris, d’autres ont-elles déçu ?
CD: Je pense que lors d’une coupe du monde il n’y a plus de hiérarchie, toutes les équipes partent à égalité et les compteurs sont remis à zéro. Après c’est certain, tout le monde s’attendait à ce que la Nouvelle-Zélande arrive au moins en finale, compte tenu du fait qu’elles ont remporté les quatre dernières éditions depuis 1998. L’autre grande surprise est venue du Canada: personne ne voyait cette nation en finale, comme quoi tout le monde a sa chance dans une coupe du monde.
LD : Vous étiez-vous fixé un objectif avant la compétition ? Est-ce que vous êtes satisfaite de cette troisième place et avez-vous le sentiment d’avoir réussi votre coupe du monde ?
CD : Notre objectif pour cette coupe du monde était d’être sacrés championnes, ou bien de finir sur le podium, ce qui est chose faite. Personnellement je suis satisfaite de la troisième place, même si je pense que l’on aurait pu faire mieux. Mais c’est le jeu, l’équipe du Canada a été plus forte que nous au moment de notre confrontation.
LD : Vous avez attiré plus de 19 000 spectateurs au stade Jean Bouin pour la demi-finale face au Canada. Le public, les médias et de nombreux joueurs du XV de France masculin vous ont soutenues. Vous attendiez-vous à un tel engouement des supporters, et comment avez-vous vécu cette médiatisation au sein du groupe pendant cette compétition ?
CD : Personnellement je pense qu’aucune fille n’aurait parié sur un tel engouement autour de cette coupe du monde. On savait que les clubs féminins, nos proches et les amateurs de rugby allaient nous soutenir, mais nous ne nous attendions pas à avoir autant de public derrière nous.
Après, pour faire face à cette médiatisation, nous avions un préparateur mental qui nous a beaucoup aidé à faire la part des choses, il nous a conseillées pour gérer tout cela, et puis nous avions des créneaux horaires de presse définis et limités dans la journée, pour pouvoir ensuite nous focaliser uniquement sur les entraînements et la compétition.
Mais étant donné qu’on ne parle quasiment jamais du rugby féminin, ça nous a fait énormément plaisir d’être enfin reconnues.
LD : Revenons sur la demi-finale face au Canada perdue 18 à 16. On a l’impression que vous étiez supérieures à votre adversaire du jour, mais il y a eu ces deux essais assassins encaissés coup sur coup. Quel est votre sentiment à propos de ce match ?
CD : Après le match on est assez frustrées, pleines de regrets, de questions qu’on se pose: « Mais si on avait pris les points ici, si on avait joué à la main là, etc…, le match aurait pu prendre une autre tournure ». Mais comme on dit avec des « si » on refait le monde.
Ceci dit c’était une équipe qui était tout à fait a notre portée, mais elles ont été meilleures que nous sur cette rencontre et elles ont su marquer coup sur coup.
LD : Sur le premier essai canadien, leur arrière part seule derrière un regroupement aux quarante mètres. Qu’est-ce qui n’a pas fonctionné en défense et pourquoi cette brèche, y a-t-il eu un manque de vigilance sur le côté gauche du regroupement ?
CD : Un manque de vigilance et de remplacement.
LD : Vous réagissez immédiatement en occupant le camp adverse, mais perdez le ballon sur votre propre introduction à 10 mètres de l’en-but canadien et encaissez un nouvel essai en contre de 90 mètres. Que s’est-il passé dans cette mêlée ?
CD : Moi perso je sais pas ce qu’il s’est passé. Je suis sur mon aile et je ne vois rien, surtout que la mêlée tourne !!! Après le Canada a une très forte mêlée, c’est l’une des seules équipes qui nous ont posé énormément de problèmes lors de nos mêlées offensives. Sur le coup elles ont gagné le ballon, et passer du dispositif offensif au dispositif défensif, c’est assez compliquè à gérer en un instant !
LD : Que pensez-vous à cet instant précis, alors qu’il reste moins d’une demi-heure de jeu ?
CD : Ont se dit qu’il nous reste 30 minutes pour revenir au score, donc il faut tout lâcher !!!
LD : Vous recollez ensuite au score avec un premier essai de Safi N’Diaye. Puis à la 76° minute vous obtenez une balle de match, avec une pénaltouche trouvée à 5 mètres de l’en-but. C’est vous la sauteuse et vous savez que vous n’avez pas le droit de rater la prise de balle. Pouvez-vous nous commenter cette touche ?
CD : C’est sûr que si je l’avais ratée ou si on s’était fait contrer je m’en serais voulue, mais je pense que rien n’aurait pu nous faire perdre la balle, avec Gaëlle comme lanceuse et mes deux lifteuses Safi et Assa j’était assez confiante.
Après lors de cette touche, sans même faire appel a notre leader de touche je pense que juste en se regardant dans les yeux on savait toutes qu’on allait partir ensuite sur un maul, un de nos points forts. La seule décision à prendre était de sauter en zone deux et demi ou trois (fond d’alignement) pour faciliter le travail de notre buteuse en cas d’essai.
LD : Durant cette coupe du monde vous avez obtenu de larges victoires (26 à 0 face au Pays de Galles, 55 à 3 face à l’Afrique du Sud et 17 à 3 face à l’Australie). On se prenait à rêver d’un crunch féminin France Angleterre en guise de finale, et on vous imaginait déjà championnes du monde, tant votre rugby nous a séduit par son enthousiasme en attaque, et son efficacité défensive. Comment jugez-vous le XV de France féminin à l’heure actuelle ? Quelles sont les caractéristiques de son jeu, et quelles sont ses forces et ses faiblesses ?
CD : C’est une équipe pleine de vie, de générosité et de solidarité. Les caractéristiques notre jeu reposent sur la prise d’intervalle, sur la technique, sur les passes, le jeu après contact, et il y a quand même du combat, même si c’est un peu moins que les garçons.
En ce qui concerne les points faibles des filles, je pense au jeu au pied. Nous n’avons pas la même dimension physique que les garçons: voir une fille mettre une pénalité des 50 mètres reste rare, même si notre Jessy Trémouillère en serait capable.
LD : Quels enseignements tirez-vous de la coupe du monde 2014, d’un point de vue collectif et à titre personnel ?
CD : Une aventure magique avec un groupe énorme.
LD : Vous allez à présent reprendre le championnat Armelle Auclair avec votre nouveau club du Stade Bordelais. À l’entame de la saison 2014-2015 comment vous sentez-vous physiquement et moralement après la coupe du monde ?
CD : Physiquement une vraie coupure nous aurait fait du bien, car cela fait maintenant un an (même si la préparation de la Coupe du Monde a duré 4 ans) qu’on vit rugby, dort rugby et mange rugby !!! Pour des amatrices ce n’est pas toujours facile !
Moralement très bien, sortir de la bulle du XV de France, revoir les amis, la famille qui sont fiers de toi, ça fait vraiment du bien !
LD : Pensez-vous avoir gagné en notoriété grâce à la coupe du monde, et pensez-vous que le rugby féminin sera désormais mieux médiatisé ?
CD : Oui je pense que cette coupe du monde en France et toute cette médiatisation nous a permis de nous faire connaître auprès d’un public qui nous connaissait pas forcément, avec tous les retours qu’on a eu. Je pense qu’on a conquis pas mal de public et j’espère que ce public sera aussi présent lors de nos compétition futures ( je pense au tournoi des 6 nations et aux tournées)
LD : Comment voyez-vous l’avenir du rugby féminin en France ?
CD : Je ne sais pas du tout, on verra bien ce que l’avenir nous réserva !!!
LD : Merci Coumba, et bonne saison avec le Stade Bordelais et l’équipe de France 😉
CD : Au plaisir