« Comme c’est facile d’éliminer les bleus !!! » peste Juliette, supportrice bordelaise, en quittant les abords du Stade de France après la défaite d’un point du XV de France contre l’Afrique du Sud….
La Coupe du Monde de rugby 2023 aura été marquée par plusieurs polémiques au sujet de l’arbitrage. Cela ne concerne pas seulement l’équipe de France, d’autres nations ont également exprimé leur mécontentement. Pour reprendre les paroles d’Antoine Dupont, « pas sûr que l’arbitrage ait été à la hauteur de l’enjeu » durant cette compétition. Passée la colère, décortiquée par nos experts la boite noire contenant les causes du crash de l’équipe de France en quart de finale de la Coupe de l’immonde, le moment est venu de placer l’arbitrage au centre des débats en posant les bonnes questions :
1 – Existe-t-il un « arbitrage de l’hémisphère Nord » et un « arbitrage de l’hémisphère Sud » ?
2 – Faut-il remplacer les arbitres non équitables ? Définition du ressenti d’arbitrage.
3 – Quelles règles changer pour limiter les possibilités d’interprétations des arbitres ? Examen de la règle 8.3 (essai de pénalité) et de la règle 11.4 (en-avant volontaire).
4 – Pourquoi ne pas donner aux capitaines d’équipes le droit de réclamer l’arbitrage vidéo ?
5 – Faut-il supprimer le droit de charge sur transformation ?
Arbitrage du Sud et arbitrage du Nord
Le jeu de l’hémisphère Sud est différent de celui de l’hémisphère Nord. Cela pose le problème de l’arbitrage au moment d’organiser une Coupe du Monde. Par souci de cohérence et d’équité entre nations, celui-ci doit être le même pour tout le monde. Or qu’en est-il en réalité ? Après l’élimination prématurée des deux sérieux prétendants au titre qu’étaient la France et l’Irlande en 2023, la voie fut libre pour une finale 100% sudiste. Sans être complotiste ni sous entendre qu’elle serait intentionnelle, on peut se demander s’il n’existe pas une influence, une domination mondiale de l’arbitrage du Sud. Il appartient à la World Rugby de veiller à ce qu’il y ait une uniformité dans la formation des arbitres et dans l’application des règles du rugby afin d’éviter de favoriser un hémisphère. Sinon chaque hémisphère organise sa Coupe du Monde chez lui. La désignation des arbitres peut aussi être remise en question: par exemple est-il équitable que l’Afrique du Sud ait été arbitrée par le même arbitre en quart et en demi-finale ?
Il faut remplacer les arbitres non équitables. Notion du ressenti d’arbitrage.
La meilleure façon de protéger les arbitres est de remplacer ceux qui ne remplissent pas correctement leurs fonctions. Si le rôle de l’arbitre n’est pas de contenter les supporters, leur mécontentement peut être un indice laissant à penser que l’arbitrage n’a pas été impartial: il n’y a pas de fumée sans feu. Un arbitre peut être irréprochable techniquement, être « dans les clous » avec le règlement, mais léser une équipe au point de lui faire perdre le match par son interprétation personnelle dans l’application des règles. Plus c’est flagrant et moins c’est acceptable, d’autant plus que l’honnêteté de l’homme en vert (et contre tous) peut être remise en cause. Pour en savoir plus à ce sujet je vous invite vivement à consulter mon excellent article abordant la notion du « ressenti arbitral » et une proposition très pertinente concernant le remplacement des arbitres donnant un (peu de) pouvoir aux équipes.
Précisons les règles pour en limiter les interprétations
Lorsqu’on consulte les règles du rugby à quinze on constate qu’elle offrent une marge d’appréciation conséquente aux arbitres. A titre d’exemple analysons la tentative d’interception d’ Eben Etzebeth qui prive la France d’un essai tout fait. Rappel de l’action, l’équipe de France est en position très favorable, avec un 3 contre deux à négocier à moins de 5 m de la ligne d’essai sudafricaine. Le seconde ligne sudafricain tente d’intercepter la passe de Damian Penaud. Il empêche la passe mais ne parvient pas à contrôler le ballon qu’il laisse échapper, semble-t-il en avant. Le géant sudafricain termine son geste en chutant au sol sans aucune opposition, la maîtrise de son corps sur cette tentative d’interception n’ayant d’égal qu’un atterrissage de Wilbur (l’albatros de Bernard et Bianca).
M. Ben O’Keeffe et aucun membre du corps arbitral n’a décidé de faire appel à la vidéo sur cette action très litigieuse. Qu’auriez-vous fait à leur place ? Le règlement permet sur cette action de siffler dans le meilleur des cas pour nous un essai de pénalité pour la France assorti d’un carton jaune ou rouge pour Eben Etzebeth, et dans le pire des cas ne rien siffler et laisser le jeu se dérouler, considérant que « les chances d’obtenir la possession du ballon étaient jugées raisonnables » par l’arbitre. On constate que les règles 8.3 et 11.4 laissent trop de champ libre pour une appréciation subjective de l’arbitre, jugez vous-même:
Règle 8.3 – L’essai de pénalité:
Un essai de pénalité est accordé entre les poteaux de but si l’équipe adverse commet un jeu déloyal qui empêche un essai qui aurait probablement été marqué, ou marqué dans une position plus avantageuse. Le joueur qui a commis cette infraction doit être averti et temporairement ou définitivement exclu. Il n’y a pas de tentative de transformation.
Règle 11.4 – L’en avant volontaire:
Un joueur ne commet pas d’en-avant volontaire s’il fait un en-avant en tentant d’attraper le ballon, à condition que ses chances d’obtenir la possession du ballon étaient raisonnables.
Donnons aux capitaines d’équipes le droit de réclamer l’arbitrage vidéo
Chaque capitaine d’équipe devrait avoir la possibilité d’exiger au moins une fois par match la révision d’une action litigieuse à la vidéo. Qu’en pensez-vous ?
Supprimons le droit de charge sur transformation.
Si la seule utilité de cette règle aura été de générer une telle polémique après le quart de finale France vs Afrique du Sud, supprimons-là, cela fera un souci de moins pour les arbitres.
à chacun son rugby,
Laurent Delmas